somewhere to hide w/ @bo cheng

tw aucun.
Tu pousses la porte de la cuisine, déboulant à l'extérieur. Tu inspires profondément l'air de la soirée, essayant de mettre de l'ordre dans ton esprit. Tu bouilles, à deux doigts d'exploser, et tu sais que tu dois te calmer. Céder à ta colère ne servirait personne, sinon un instant de satisfaction. C'était pas ton boulot, et c'était pas la personne que tu voulais être. La brise de l'extérieur te fait du bien, et tu te laisses retomber sur la table de pique-nique placée là. Ta tête tombe entre tes mains, et tu te concentres sur ta respiration. Un, deux, trois, inspire. Un, deux, trois, expire. Tu sens tes mains trembler, ta colère ne veut pas retomber. Tu sais bien que ce n'est pas entièrement la faute de ton cuisinier. C'est un con, certainement - tu l'as su dès le premier regard, qu'il n'allait pas aimer se faire diriger par une fille comme toi. Qu'il allait te regarder de haut, et remettre en question chaque chose que tu dis. Pas si longtemps qu'il travaille dans ton restaurant. Tu l'as engagé parce qu'il a du talent, certainement, et que t'as eu un peu de mal à trouver du monde pour remplir ta cuisine, mais tu remets en doute si ça vaut vraiment le coup. Si, pour ta santé mentale, tu ne devrais pas juste le foutre dehors. Lui faire comprendre que son comportement ne passe pas, qu'il n'est qu'un con et que son talent ne pardonne pas tout.

Tu le feras.
Mais pour le moment, tu dois te calmer.

Le faire sous la colère ne fera qu'empirer les choses. T'es meilleure que lui. D'habitude, tu es capable d'essuyer les remarques misogynes sans trop de peine - après tout, tu te les coltine depuis que t'as commencé ce métier. Mais aujourd'hui, c'était de trop. Tu n'as presque pas dormi, et tu as passé la matinée au commissariat pour te faire dire qu'il n'y avait rien de plus à faire. Encore. Épuisée, déstabilisée, tu te sens à bout de nerfs. Tes amis te manquent. T'arrives pas à t'enlever de la tête que c'est de ta faute. Qu'il doit bien il y avoir une raison pourquoi ils ne sont plus là, et toi oui. Tes doigts s'agrippent à tes cheveux, qui tiennent à peine dans la pince derrière ta tête. Tu l'enlèves d'un geste, laissant tes cheveux te cacher du reste du monde. Just breathe, Kiki.
Just fucking breathe.

T'entends un bruit de pas près de toi, et tu relèves la tête d'un bond. "I'm fine!" Tu balances, prête à retourner en cuisine s'il le fallait, si seulement on était pas là pour te faire chier. Sinon, tu resterais là encore un peu. Le restaurant n'était pas trop plein aujourd'hui, tu pouvais te le permettre. Mais tes yeux tombent sur Xiyang, et tu sens ta colère se calmer d'un cran. C'est bien un des seuls visages que tu accepterais de regarder. Tu sais qu'il n'est pas là pour t'emmerder. "I'm fine." Tu répètes plus calmement, te laissant retomber contre la table, levant les yeux vers le ciel nuageux. "I just need a minute to calm down or I'll fire this asshole on the spot." Tu avoues à Xiyang, sachant bien qu'il n'allait pas te juger pour ça. "Is something wrong back there?" Quand même, si quelque chose est en train de dégénérer en cuisine, tu préfères le savoir, et tu fais confiance à Xiyang pour te le signaler.

somewhere to hide w/ @Kimura Kyunmi

tw aucun.
La porte claque derrière Kiki, mais la tension ne redescend pas d'un cran. Tout le monde regarde Carter de travers, mais ce dernier ne dégonfle pas. Paon prêt à exploser, aux remarques purement et simplement déplacées. Il en a pourtant le rouge aux joues, de cette humiliation que Kiki lui a flanquée avant de partir en coup de vent. Tu savais, au fond de toi, qu'elle aurait pu faire pire. Qu'il aurait mérité le renvoi. Le reste de la cuisine retourne silencieusement à son ouvrage, mais tout le monde n'en pense moins. He's a dick.
What's he still doing here?

« Corner. » entends-tu — et tu te décales pour laisser passer Lucy. Elle ne s'en mêlera pas. Carter est un idiot, tout le monde le sait, mais sa misogynie rend l'ambiance de la cuisine lourde depuis quelques semaines. Tu le hais. Tout le monde le hait. Les autres se détournent, et Carter s'assure d'un regard que l'attention n'est plus sur lui. Mais la tienne, oui. Et tu n'en démords pas, les yeux vissés sur sa nuque, le dédain transpirant d'un regard que tu sais noircir autant que faire se peut. Il se retourne, t'avises, se sent piqué. « What?! » « You're an ass.  » lui réponds-tu sans hésiter. Le rouge lui revient, mais tu le coupes dans son élan. « Go back to work » T'es pas son boss, mais il n'a rien à y redire. Ç'aurait été Lucie, ou Kiki, rien n'y aurait fait.
Mais toi, il t'écoutait.

Fuckin' asshole.

Tu gardes tes couteaux plantés dans son dos jusqu'à ce qu'il se soit bel et bien remis au travail — puis tu retournes au tien. T'as de la chance, Rina est à l'essai aujourd'hui. Elle pourra assurer tes arrières lorsque tu auras fini le montage précaire sur lequel tu t'étais lancé. Concentré, tu harmonises les derniers étages de ton dessert, puis te redresses. « Can you decorate? » lances-tu à Rina en t'essuyant les mains. Elle acquiesce. Le reste ira de bon train ; tu peux t'absenter quelques instants en toute confiance.

Tu te fraies un chemin au travers de la cuisine, occupée mais loin d'être débordée. Carter te jette un regard venimeux lorsque tu passes à ses côtés, mais tu l'ignores. Bientôt, tu pousses la porte et pointes ton nez dehors. Les yeux à la recherche de Kiki — que tu finis par apercevoir, assise sur la table de pique-nique un peu plus loin. L'air de la soirée est frais. Te fais du bien. Tu t'approches.

« I'm fine! » lance-t-elle lorsque tu arrives à ses côtés. Tu ne dis rien. Ses yeux se posent sur toi — et tu vois le calme s'y frayer un chemin. « I'm fine. » répète-t-elle. Et tu ne la crois pas. Pas plus que la première fois. « Sure. » lui souffles-tu. Tu t'en fiches. Qu'elle te mente si elle veut. T'es pas là pour ça. Pas entièrement, en tout cas. Tu liras le reste dans ses yeux, et dans sa posture enragée. Animal blessé qui faisait tout ce qu'il pouvait pour survivre, ces derniers temps. Nobody deserves what she's going through. « I just need a minute to calm down or I'll fire this asshole on the spot. » Tu t'adosses contre la table de pique-nique. « I wish you would. » Tu ne caches pas le fond de ta pensée — pas plus que Kiki ne dissimule le sien. She's not fine, but you're not gonna lie about the rest.

« Is something wrong back there? » Tu secoues la tête. Le calme dans tes épaules détendues, alors que tu sens Kiki reprendre pied sur la réalité. Good. « No. Rina's got my station, and the others are back at it. » Tu ne peux retenir une moue, avant d'ajouter : « Everybody's just waiting for you to fire Carter, though. » Tu ne te gêneras pas de lui donner ton avis, tout comme elle ne se gênera pas pour te remettre à ta place si tu vas trop loin. C'est la beauté de votre relation. La beauté d'une honnêteté entre collègues, et d'un respect assumé. « I don't mean to tell you what you should do, but... We can manage without him. » Tu tires un bonbon à la menthe de ta poche. Besoin du goût du sucre, des effluves dans ton nez. Couplé à la brise de la nuit, ça t'aidait toujours à te recentrer. « He's disrespectful, he can't follow orders and, well... » Tu soupires. « He's a misogynistic dick. » Pas besoin de retenir le fond de ta pensée. « Sorry, boss. But I really can't stand his obnoxious ass anymore. » Got enough to do with the customers.
So fire him, or I'll kick his ass.
Maybe both. Would do him some good.

« D'you want a mint? » Tu sors le paquet de ta poche au moment où le vent se met à souffler. Ton inquiétude pour Kiki ne redescend pas — pas depuis qu'elle est arrivée, l'air visiblement tracassée. Tu serais là s'il le fallait. Quand elle aurait besoin de parler. Ou quand elle choisirait le silence en ta compagnie, plutôt que de jeter son énergie au vent et à la nuit.

somewhere to hide w/ @zhao xiyang

tw aucun.
Tu sais ce que tu as à faire. Que garder la paix et la bonne ambiance dans ta cuisine faisait partie de ton travail. Le bonheur de tout le monde était en jeu depuis que Carter était là — et tu devais prendre une décision. Ou plutôt, lui devait le faire. Adapter son comportement ou foutre le camp. Tu le ferais. Tu le ferais. C'était juste si difficile de réfléchir, ces derniers temps. Tes pensées assaillies par tes regrets, tes inquiétudes, à toujours chercher des souvenirs qui n'existaient pas, pour peut-être y trouver une réponse. Ça ne servait à rien. Et pourtant, tu continuais d'essayer. What if? Et si tu te rappelais de quelque chose qui permettait de comprendre ce qui s'était passé cette nuit-là, de les ramener ? Un espoir vain, on essayait bien fort de te le faire accepter. Tu aimais ton travail pour ça — ça te changeait vraiment les idées, et quand tu étais là, tu oubliais tout le reste. La plupart du temps. Mais Carter jouait avec tes nerfs et faisait tout remonter à la surface.
You need to do something.

"Sure." Te balance Xiyang, et tu sais que tu ne peux rien lui cacher. Qu'il commence à bien te connaître, depuis le temps. Il était ton ancrage dans la cuisine, ton bras droit. Une chance qu'il était là, parfois. "I wish you would." Tu peux toujours compter sur lui pour dire ce qu'il pense, et il n'y manque pas. Tu lâches un soupir relativement agacé, mais ce n'est pas envers ton chef pâtissier. Tu sais bien qu'il a raison. Why don't you just do it, then? Remontée, tu préfères lui demander si tout va bien en cuisine, histoire de t'enlever ce souci-là de la tête pour deux ou trois minutes. "No. Rina's got my station, and the others are back at it." "Good." Tu acquiesces, rassurée, bien que tu n'en doutais pas vraiment. Tu faisais entièrement confiance à ton équipe, construite avec soin — un noeud solide pour qui tu n'avais pas le moindre doute. "Everybody's just waiting for you to fire Carter, though." Tu lui jettes un regard plus pointu, pinçant des lèvres.

"It's not that simple." Tu lui souffles, bien que tu sais que ce n'est qu'à moitié vrai. C'était simple. L'harmonie de ta cuisine était un jeu, et il fallait y remédier. Et pourtant. "I don't mean to tell you what you should do, but... We can manage without him." Tu regardes Xiyang avec un peu plus de curiosité. "He's disrespectful, he can't follow orders and, well... He's a misogynistic dick." Tu ne sais pas pourquoi, mais ça fait descendre ta colère. Y'a presque un sourire qui se dessine sur tes lèvres. "That's honest." Tu sens la légère odeur du bonbon à la menthe qu'il vient de prendre, et c'est étrangement rassurant et familier. "Sorry, boss. But I really can't stand his obnoxious ass anymore." Tu soupires à nouveau, plantant tes doigts contre tes tempes, essayant de calmer le martèlement dans ta tête. "Yeah, well. You and me both."

T'es plongée dans tes pensées. Celles-ci vont trop vites, te donne le tournis. Et quand Xiyang te propose une menthe, tu acceptes, plaçant la petite sucrerie sur ta langue, laissant le goût familier te calmer. "Does everyone hate him? You can be honest." Tu avais une bonne idée de l'état du reste des employés, mais parfois, t'étais pas certaine. Tu restais la patronne et tu avais toujours un peu peur qu'on te cache des choses. "It's just been so tough finding new people to hire, and everyone's already stretched out as it is, and I don't want to add more pressure on any of you." Tu grimaces légèrement, secouant la tête. "And it's like I can't think, I can't... Like I know what I should do, but it's all so fucking foggy." Tu soupires pour une énième fois, essayant de respirer profondément, ta gorge serrée, tes poumons enflammés. "I swear to you, I was going to punch him." Tu avoues à mi-voix, presque honteusement.